De quelles façons l'intelligence artificielle se sert-elle des neurosciences ? - INRIA - Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue The Conversation France Année : 2019

De quelles façons l'intelligence artificielle se sert-elle des neurosciences ?

Frédéric Alexandre

Résumé

L'Intelligence Artificielle (IA) s'est construite sur une opposition entre connaissances et données. Les neurosciences ont fourni des éléments confortant cette vision mais ont aussi révélé que des propriétés importantes de notre cognition reposent sur des interdépendances fortes entre ces deux concepts. Cependant l'IA reste bloquée sur ses conceptions initiales et ne pourra plus participer à cette dynamique vertueuse tant qu'elle n'aura pas intégré cette vision différenciée. IA symbolique et numérique La quête pour l'IA s'est toujours faite sur la base d'une polarité entre deux approches exclusives, symbolique ou numérique. Cette polarité fut déclarée dès ses origines, avec certains de ses pères fondateurs comme J. von Neumann ou N. Wiener proposant de modéliser le cerveau et le calcul des neurones pour émuler une intelligence, et d'autres comme H. Newell ou J. McCarthy soulignant que, tout comme notre esprit, les ordinateurs manipulent des symboles et peuvent donc construire des représentations du monde et les manipulations caractérisques de l'intelligence. Cette dualité est illustrée par l'expression des frères Dreyfus « Making a Mind versus Modelling the Brain », dans un article (Dreyfus & Dreyfus, 1991) où ils expliquent que, par leur construction même, ces deux paradigmes de l'intelligence sont faits pour s'opposer : Le paradigme symbolique met l'accent sur la résolution de problèmes et utilise la logique en suivant une approche réductionniste et le paradigme numérique se focalise sur l'apprentissage et utilise les statistiques selon une approche holistique. On connaît la suite de l'histoire avec, tour à tour, chaque approche écrasant l'autre à l'occasion du succès éclatant d'une technique particulière, suivi de désillusions entraînant ce que l'on appelle un hiver de l'IA. Aujourd'hui, l'IA a fait des progrès indéniables, mais nous subissons toujours cette dualité, même si le vocabulaire a un peu évolué et que l'on parle maintenant d'IA basée sur les connaissances (pour le web sémantique) ou sur les données (et les data sciences). Nous sommes actuellement sans conteste dans une période numérique où tout le monde n'a que le Deep Learning à la bouche, même si des voix commencent à s'élever pour prédire une chute proche si l'on n'est pas capable d'associer ces techniques numériques à une interprétabilité (Lipton, 2017), permettant transparence et explications, deux notions du monde des connaissances. Sommes-nous encore partis pour un cycle, à toujours nous demander laquelle de ces deux approches finira par démontrer qu'elle était la bonne solution, ou saurons-nous sortir du cadre et trancher le noeud gordien ? C'est dans cette dernière perspective que je propose de revenir aux fondamentaux. Puisque les deux approches s'accordent au moins sur le fait qu'elles cherchent à reproduire nos fonctions cognitives supérieures, ne devrait-on pas commencer par se demander si notre cognition est symbolique ou numérique ?
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Citer

Frédéric Alexandre. De quelles façons l'intelligence artificielle se sert-elle des neurosciences ?. The Conversation France, 2019. ⟨hal-02388017⟩
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