Le passif en langue des signes - INRIA - Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2006

Le passif en langue des signes

Passive in sign language

Résumé

This PhD deals with the passive diathesis in French sign language. We first draw a distinction between LSF and signed French (a pidgin, that is a kind of word to sign translation from French without respecting the structure of sign language nor its inflections) and between LSF and coverbal gesture. We then used the iconicity framework introduced by Christian Cuxac which is, according to us, modified by linguistic processes, into morphologic, syntactic, pragmatic phenomena.
Defining passive as a demotion of the first argument, the subject, as Claude Muller does, we defined two criteria. For utterances using personal transfer and featuring a transitive verb, the demotion of the subject is obtained by the patient taking the role in the ongoing personal transfer. For utterances without personal transfer the place of the agent remains unspecified or is specified afterwards with a correlating mark. We thus make a distinction between passive and imperative constructs and between passive and impersonal constructs. We also make a distinction between passive and inverse, the later one changing the viewpoint without changing the focus. Our description can take place in an iconicist grammar and less easily in more standard grammatical framework because of phenomena like transfers, simultaneity or spacial realisation.
Dans le cadre de la grammaire générative (Chomsky 1981), le passif s'explique par un mouvement entre la structure profonde et la structure de surface : la morphologie passive absorbe le rôle thématique du sujet et l'assignation d'un cas accusatif, ce qui provoque le mouvement de l'argument interne. Dans le cadre de la grammaire cognitive, les propriétés du passif consistent notamment à retourner le point de repère et la trajectoire (Langacker). Nous avons retenu la définition qui le caractérise en tant que démotion du sujet sémantique (du premier argument du verbe), ou, selon la formulation de C. Muller : « reléguer au rang de relation facultative de dernier rang la relation prédicative du premier argument au verbe, avec ou sans modification (temporelle, aspectuelle) dans la sémantique du verbe » (2002 : 227). Précisant les limites de notre objet d'étude, nous avons distingué la langue des signes d'un côté du français signé, et de l'autre des gestes co-verbaux. Le français signé est un pidgin, parfois une interlangue, que certaines études linguistiques confondent avec la langue des signes. Parmi les traits qui les différencient, celle-ci s'appuie sur une logique visuelle que le français signé ne respecte pas. L'iconicité n'est pas elle- même une langue, mais elle est modelée par des processus linguistiques et se trouve à la source de nombre de phénomènes (morphologiques, syntaxiques, pragmatiques) caractérisant la langue des signes. D'autre part, contrairement aux signes de grande iconicité, les gestes co-verbaux n'ont pas l'indépendance qui leur permet d'être clairs et complets, car ils ne sont pas passés au crible d'un traitement linguistique. L'iconicité est au cœur de la grammaire développée par Christian Cuxac, grammaire qui peut être appréhendée en terme d'ekphrasis. Nous avons retenu deux critères pour caractériser le passif en langue des signes : pour les énoncés en transfert personnel comportant un verbe transitif, la démotion du sujet est marquée par la prise de rôle du patient (l'agent étant absent ou mis au second plan) ; pour les énoncés hors transfert personnel, elle est marquée par la non attribution de l'emplacement de l'agent ou son attribution dans un second temps, éventuellement introduite par un terme relateur. C'est ainsi, par exemple, que l'on peut distinguer passif et impératif, ou passif et impersonnel. Nous avons également proposé de distinguer passif et inverse, le passif mettant au second plan l'agent, l'inverse changeant le point de vue sans changer de focale. Le passif peut se combiner avec d'autres structures pour former des constructions complexes. Cette description du passif peut trouver place dans le cadre d'une grammaire de l'iconicité. Elle peut être plus difficilement retenue dans le cadre des analyses génératives : celles-ci manquent encore d'outils adaptés à une langue en trois dimensions, mettant en jeu des phénomènes comme les transferts, la simultanéité ou la spatialisation.
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Dates et versions

tel-00423884 , version 1 (13-10-2009)

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  • HAL Id : tel-00423884 , version 1

Citer

Pierre Guitteny. Le passif en langue des signes. Linguistique. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2006. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-00423884⟩
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