La semaine de 4 jours chez Volkswagen : un scénario original de sortie de crise ?

Jens Thoemmes (1) , Anne Labit (2)

1 CERTOP - Centre d'Etude et de Recherche Travail Organisation Pouvoir
2 CEDETE - Centre d'Etudes pour le Développement des Territoires et l'Environnement

Dans la métallurgie allemande les organisations syndicales et patronales ont négocié pendant 16 ans pour réduire la durée hebdomadaire du travail de 40 heures à 36 heures (1994). Au moment où l'on pensait que ce processus lent et conflictuel arrivait à sa fin, il change rapidement de nature avec la négociation de la semaine de quatre jours chez Volkswagen. En effet, fin 1993 le constructeur d'automobiles allemand Volkswagen réduit, avec l'accord des instances syndicales, la durée conventionnelle du travail de 36 heures à 28,8 heures par semaine. Devant la perspective de 30000 licenciements, la direction de Volkswagen et le syndicat IG Metall se sont entendus sur une solution de réduction du temps de travail, concernant l'ensemble du personnel et seulement partiellement compensée du point de vue salarial. La solution Volkswagen qui a surpris par son originalité et la vitesse avec laquelle elle a été négociée, pose un certain nombre de questions. Est-elle le résultat d'un rapport de forces modifié entre entreprise et syndicat : IG Metall semble renoncer pour la première fois à l'un de ses combats les plus porteurs, la réduction du temps de travail sans perte de salaire? Ou, compte tenu de la grave crise que connaît le secteur automobile, doit-on interpréter l'accord Volkswagen comme une nouvelle preuve de la force du modèle allemand de régulation sociale ? Ce type d'accord pourrait-il alors être exporté dans d'autres entreprises ou secteurs d'activité, dans d'autres pays ? Quelle est la cohérence globale de l'accord du point de vue de la construction sociale des normes temporelles, leur évolution et la place des acteurs sociaux dans celle-ci ? L'article propose au lecteur des éléments d'information susceptibles d'alimenter le débat. Après avoir rappelé le contexte général dans lequel a été négocié l'accord, sont successivement décrits le processus de négociation et le contenu de l'accord qui va au delà de la seule semaine de 4 jours. Un bilan de la réalisation de la semaine de 4 jours dans les différents sites de l'entreprise est ensuite effectué par les auteurs avant d'ouvrir le débat autour de l'accord, de sa signification et des nombreuses questions qu'il pose.

Domaines: Sociologie

Jens Thoemmes, Anne Labit. La semaine de 4 jours chez Volkswagen : un scénario original de sortie de crise ?. Travail et Emploi, 1995, 64, pp.5-22. ⟨hal-00933541⟩